AWAKEBUTSTILLINBED – Chaos take the wheel and I’am a passenger

couverture AWAKEBUTSTILLINBED

Je ne vais pas passer par quatre chemins. Si il y a bien un album Emo à retenir cette année, c’est celui dont on a décidé de vous parler via cet article. Le sentiment d’avoir écouté un album unique et particulier s’est fait ressentir alors que la première écoute n’était même pas terminée. 

Y’a probablement toujours une histoire de contexte quand on ressent ça à travers quelques pistes qui forment un tout. «Brave Faces Everyone » de Spanish Love Songs ne m’avait pas lâché pendant la période la plus difficile que j’ai eu à traverser jusqu’ici, et ne m’avait pas quitté jusqu’à ce que je me sente mieux. Tout simplement parce que je me retrouvais dans les textes, que j’avais la sensation que c’était moi qui tenait le stylo dans le groupe. Les années passent, les points de vue et les ressentis évoluent, laissant la possibilité de retomber de manière aussi obsessionnelle dans d’autres petits mondes , mais qui correspondent tout autant à la personne que je suis aujourd’hui.



« Bloodline » sonne très intimiste. Je n’arrive pas à faire autre chose que d’imaginer Shannon Taylor assise dans son lit, en tailleur, à l’écoute de ces premiers accords plaqués, uniquement accompagnés dans un premier temps de cette voix qui me fait ressentir tellement de choses…
Et là on a donc toute la panoplie dès le début du disque pour être scotché émotionnellement, si on ajoute à ce que je viens de décrire des paroles qui peuvent résonner chez un bon nombre d’entre nous : « Open your eyes, this is your life / Close your eyes, it’s not just your life / Open you eyes, it’s still your life / Close your eyes, it’s your only life ».
Awakebutstillinbed feront joujou avec la corde sensible tout au long du disque.

Chaque morceau a un petit truc bien à lui, « Road » a le culot de durer 7 minutes en étant en deuxième position. Le risque était là, mais ça fonctionne à merveille. A l’image de cet album dans son entièreté, on passe souvent d’une agitation très prenante à des moments plus calmes qui ne sont pas moins attachants. « Far » et « Airport » sont des clairement des moments forts du disque, les singles dévoilés en amont n’étaient de toute manière pas choisis au hasard, et ce en toute logique, même si j’ai cru lancer « Eye of the tiger » quand j’ai lancé la première piste citée…
La fin de celle-ci nous rappelle à quel point awakebutstillinbed excelle aussi dans les compositions plus énervées, avec un chant hurlé. C’est servi à petites doses, mais ça fait clairement la différence.
Le deuxième morceau cité amène des sonorités japonaises, à mon plus grand plaisir.
Les guitares sont polyvalentes, et la voix arrive parfois à son point de rupture, et cela se reproduira de nombreuses fois. 

« Savior » est positionnée à mi-parcours de « Chaos take the wheel and i am a passenger », et pour marquer le chemin parcouru et continuer à se projeter, l’acoustique est un choix encore une fois judicieux.
« Clearview » est aussi très chargée émotionnellement. C’est parfois faux sur certaines notes, mais clairement un point positif qui rend tout ça très humain, vivant et naturel.  Peut être qu’après avoir entendu ça pendant des années au sein de son propre groupe, Joe Reinhart (Algernon Cadwallader) qui a produit cet album, a participé à encourager awakebutstillinbed en ce sens…

« Enough » est juste frissonnante. Renforçant le sentiment de solitude, l’incompréhension de certains sentiments, elle est un grand tableau à elle seule. Les dernières phrases prononcées à l’aide d’une guitare semblant partager avec un elle un moment rare de complicité forment tout simplement l’un des plus importants highlights musicaux de l’année, de mon côté, bien évidemment.
Le fait qu’elle soit collée à « Redlight », qui propose le moment le plus nerveux de la tracklist vient appuyer le fait que l’album est génial d’un bout à l’autre. Shannon Taylor est irritée, contrariée, perdue et enragée :« But I look inside of myself/and i have no idea who I am/and I feel nothing ».
C’est la première fois sur cet album qu’on peut mettre la qualification de Screamo au même rang que celle d’Emo, et c’est un régal.

Ce quator revient donc fort, 5 ans après leur dernier album. Et on ne peut que vous conseiller celui-ci !

Arno