Hygiene // DRUG CHURCH

couverture drug church

Double article !

Eliott : 

Bonjour à toutes et à tous ! Donc Arnaud voulait faire un article avec deux auteurs pour parler d’un groupe que j’aime beaucoup depuis quelques années, Drug Church ! Je les ai découvert en 2015 en première partie de Title Fight à la Boule Noire, eux existent depuis 2012.

Je me souviens avoir passé un bon concert mais sans plus, à l’époque j’étais encore pas mal punk rock, même si je m’ouvrais à des groupes avec d’autres teintes, comme title fight en fait. Et là drug church, c’était peut-être encore un peu trop hardcor-ish pour moi, comme Turnstile par exemple, que je n’appréciais que trop peu (après, ils n’avaient pas encore sorti un magnifique album mêlant leur base hardcore avec de l’indie qui sera mon album pref de 2021,mais je m’égare…)



Aussi, il faut parler de la voix de Patrick Kindlon. Après ce concert, un truc m’a quand même fait revenir à écouter drug church, mais bon, cette voix, elle est quand même très originale ! Ça en rebute certain.e.s , il m’a fallu un bon paquet d’heures d’écoutes, mais en même temps je me suis pas trop forcé, quelque chose m’y faisait retourner à chaque fois… Ces putains de guitares m’ensorcèlent. Leurs arrangements de guitare c’est nirvanesque, c’est beau, c’est mélo mais c’est hardcore, j’illustre mon propos en vous proposant d’écouter « Attending a cousin’s birthday party » sur leur premier album sorti en 2013. Pour l’instant, je pense qu’on peut résumer leur carrière en deux parties.


Et comme pas mal de groupes, la scission s’établit avec un changement de label. D’abord chez No Sleep Records, avec les deux premiers albums et un très bel EP (Swell), le groupe d’Albany se rapproche de la côte ouest et signe chez Pure Noise, un label plus important que le précédent.

De ce nouveau contrat est créé Cheer. Nouveau label donc, nouveau producteur aussi. Chez lui, il est demandé à Patrick de faire beaucoup plus de prises qu’avant, on lui demande d’aller jusqu’à sa limite en terme de performances. Les chansons commencent presque à être chantées au lieu de braillées. La base de drug church est encore là mais le son du groupe évolue. Ça y est, on approche d’un dilemme. Le groupe va-t-il devenir mainstream ? Des articles de presse mentionnent ces questionnements au sein même du groupe « Drug Church’s Patrick Kindlon on Selling Out, Being Hated, and Getting Mad Online » (vice.com).
4 ans après et un nouvel album ayant vu le jour (hygiène, sorti en février), presque rien n’a changé. Le groupe est certainement plus établi, ils font moins de première partie et sont maintenant la tête d’affiche de leurs tournées américaines, oui. Les membres du groupe vivent de leur art ? Ok. Mais ils peuvent se targuer d’avoir créés 4 albums impeccables. Sur Hygiene, les musiciens voulaient vraiment pousser le côté pop du groupe tandis que Patrick souhaitait continuer ce qu’il aime le plus en tant que gros consommateur de musique, et il en résulte un album à la hauteur de leur bientôt 10 ans de carrière.
Il y a des morceaux où l’on dirait une sorte de prière agnostique « Detective Lieutenant », il y a des énormes bangers comme « premium offer » et toujours cette guitare solo parfaite de Nick Cogan qui officie aussi dans Militaire Gun. Mon morceau préféré est pour l’instant « Super Saturated » (yes indeed) et cette grosse basse supersonique. Ils disent même ironiquement qu’ils ont hâte de sortir l’album perave que tout le monde détestera. A priori, ce sera pas celui-là !

— Eliott

 « La plupart des musiciens gagnent 24 000$ par an et vivent dans le sous-sol de leur mère. L’idée que vous suiviez leurs conseils pour n’importe quoi est insensé. Il y a juste une déconnexion. Les gens regardent le spectacle et ils sentent que c’est peut-être juste parce que cet artiste a de la lumière sur lui [qu’ils voient les musiciens différemment] [Laughs]. Je ne comprends tout simplement pas comment les gens peuvent regarder cela et dire: « Ce type a tout compris. » Il est sur le point de monter dans un van plein de pets. » -Patrick, « Drug Church Is A Job », Stereogum 2022

 

Arnaud : 

J’ai mis assez longtemps a finalement être envouté par le chant de Patrick Kindlon. Au départ, sa voix était même ce qui me laissait éloigné du groupe. Faut savoir que Drug church ça reste assez nouveau pour moi, ce n’est qu’à partir de l’écoute de l’EP « Tawny », et aussi entièrement satisfait par l’album qui suit que je suis passé de « t’écoutes DRUG CHURCH toi ? T’es une personne spéciale… » à « COMMENT çA T’AS PAS MIS HYGIENE DANS TON TOP 2022 !!?? ».
C’est Eliott, qui a rédigé les lignes du dessus, qui a été ensorcelé en premier et qui m’a passé le mot.
Et si on en parle aujourd’hui tous les deux,  c’est uniquement dans le but de vous marabouter.
A deux nous somme plus forts, et la puissance d’internet est INCROYABLE.

Comment se passer de Drug church en 2022 ?
« Fun’s over » démarre et les guitares n’attendent pas une seconde pour donner encore plus de pouvoir à Patrick. C’est un monde à part entière qui se dessine tout au long de l’album, vraiment unique. Les musiciens lui rendent service, les guitares semblent possédées. J’imagine les prestations scéniques, qui devraient en toute logique me transporter dans une bulle au moins aussi grosse que quand je vois Jeremy Bolm et Touché Amoré.
Un gros côté Noise/grunge surgît avec « Plucked ». La puissance des mots prononcés résonne comme des poèmes, et c’est une particularité qu’on retrouvera dans chaque morceau. Si tu n’es pas Anglophone, tu arriveras tout de même à chanter chaque phrase en y croyant très très fort.

Plusieurs registres défilent, l’ambiance change même pas mal d’une piste à l’autre, comme entre « Million miles of fun » et « detective lieutenant », qui elle, est bien plus indie rock, mais peu importe le style adopté, la vérité c’est que ça fonctionne toujours à merveille. En tout cas cet enchaînement reste un des moments forts de l’album. Le sens de la mélodie y est omniprésent, et c’est plutôt intelligent de mêler ces riffs entêtants aux thèmes  choisis pour sensibiliser sur notre société à la dérive (Le surplus d’informations et les contrôles omniprésents des gens qui nous entourent).
Je suis hyper attaché à ce passage, avec ces paroles remplies de sagesse face à un constat réel et donc ultra triste sur l’humanité « “If we disappoint each other somehow/ It’s OK, we don’t share the same house/ There’s only one side of the street you’re responsible for/ And that’s yours.”

Si «World Impact » propose une partie instrumentale à la Turnstile, il n’en est rien pour le reste de son contenu. C’est donc une piste de plus qui se démarque des autres. « HYGIENE » est très riche sur tous ses aspects, et l’écoute se savoure d’un bout à l’autre. Il est rare pour moi de ne pas ressentir de désintérêt tout au long d’un album. Mais là je suis au bon endroit, et c’est pas la plus hardcore « Piss & Quiet » qui me fera dire le contraire.

Voilà donc un retour très marquant pour drug church, qui propose un son inspiré avec des textes sincères et attachants. C’est assez LOURD et en même temps super catchy par moment. Les Iron CHIC du hardcore HEHEHE.

— Arno