Avant-première // CORBILLARD

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LABELS : AEM Project // Panda Records // 2K10 Records // I for Us records

C’est parti pour une nouvelle exclusivité chez HIWWAT et cette fois ci c’est CORBILLARD qui a bien voulu nous offrir un nouveau morceau. Comme d’hab, on en profite pour servir un article « cocktail » avec un texte à propos de ce morceau et une petite interview tranquilloss.

Tout d’abord, pouvez-vous nous illustrer par vos mots le morceau que vous avez choisi de nous partager ici ?

C’est un morceau qu’on trouve représentatif de l’album, à tous les points de vues : un texte reflétant complètement les évènements qu’on est en train de traverser depuis des mois voire des années, avec la dégradation constante des conditions de vie, de la situation sanitaire, de la solidarité, de tous les acquis sociaux qui sont détricotés, et cette quête de la « croissance à tout prix ». Les financiers nous regardent tomber dans leurs panneaux gros comme des maisons en se foutant bien de notre face… C’est une chanson sous forme de wake-up call, d’appel à la mobilisation car on est en état d’urgence, en train d’épuiser la planète et les gens, en s’enfonçant dans nos sales habitudes consuméristes, pendant qu’une poignée de privilégiés nous jette de la poudre aux yeux et tirent les marrons du feu. Du brasier, même….

Musicalement, c’est aussi typique de corbi : une rythmique rapide et solide , quelques accords qui frottent pour balancer de la tension et faire grincer les dents, les deux voix de Flo et Simon se répondent et se complètent, et les copains qui sont venus en masse pour faire les chœurs avec nous !


INTERVIEW

Pour être honnête, je n’ai pas jeté une oreille à vos sorties après l’album «  J’ira m’crasher sur vos tombes ».  Qu’est ce qui a changé pour corbillard depuis 2014, dans la musique et dans la multitude  de choses pouvant avoir un lien avec votre groupe ?

J’irai m’crasher sur vos tombes était notre tout premier vrai album, sorti en 2011 après une démo enregistrée à l’arrache, et clairement c’est une fourre-tout des influences de chacun des membres originaux de CORBILLARD. Au fil du temps et des albums, la direction s’est naturellement précisée, tant pour la musique que pour les textes. D’abord parce qu’on a énormément joué et passé de temps ensemble en tournée, en répétition, sur la route ou à refaire le monde pendant d’interminables after…  du coup le propos est devenu plus clair, les automatismes plus présents, et la couleur sonore de Corbi de plus en plus définie. On a sorti ensuite sorti « Enfoncer le clou » en 2014 et « Faux et usage de Faux » en 2017. Chaque fois, il y avait une évolution, mais je pense que clairement ce « Temps Mort » est l’album qui nous ressemble le plus, la synthèse de ce qu’on veut dire, de la façon dont on veut le dire : Une identité au niveau du son, avec ces petites harmonies mineures typiques, et des textes engagés, désabusés !

Evidemment, il y a eu d’autres changements de poids qui expliquent cette évolution, puisque depuis un peu plus d’un an Nico et Simon ont fait leur entrée dans le groupe, après plusieurs années de line-up flottant. On voulait attendre qu’ils se sentent bien et à l’aise dans le groupe avant d’enregistrer ce 4ème album,  pour qu’ils puissent pleinement l’assimiler et y mettre leur patte. Mission accomplie : on retrouve cette efficacité rythmique avec la basse au médiator de Nico, qui est très exigeant au niveau de son son et de ses lignes de basses, et Simon amène un côté technique à la guitare qui nous permet d’explorer plus de choses ! On a pris le temps de se connaître et de tourner les morceaux du set et de l’album ensemble en résidence et en répétition, on est maintenant parés pour le défendre sur scène !

« Temps mort » semble être une nouvelle fois, un projet bien sombre. Créer pour corbillard, c’est constater la société et ensuite tout recracher ?

Je crois qu’il est difficile, voire impossible pour un groupe punk, de ne pas être un tant soit peu critique de la société et du système dans lequel on évolue. Même si on a toujours été conscients que de nombreux groupes autour de nous avaient plus de légitimité et de talent pour dénoncer ce système de merde, on a toujours eu un engagement sincère qui transparait depuis le début dans des textes de chaque album, au milieu d’autres chansons plus anecdotiques, plus légères. 

Mais clairement, le propos s’est assombri au fil des années et des disques, car « l’évolution » de la société nous préoccupe et nous révolte à fond. On assiste à une confiscation pure et simple du pouvoir, de la représentativité, des richesses, des outils, du patrimoine et de l’histoire. La crise économique, écologique et démocratique est à nos portes, et le système ultralibéral intenable et absurde qu’on nous impose tente à tout prix d’écraser toute forme de contestation ou de remise en question pour pouvoir monnayer à son seul profit le peu qu’il reste  encore… Alors oui les perspectives sont sombres, mais en se conscientisant et en s’y mettant tous maintenant, on peut couper la tête de la bête. 

C’est ce qu’on essaie de faire passer dans la plupart des textes de ce nouvel album (cfr. « Les Cibles », « Plus c’est gros, Plus ça passe », « Tout brûle », « Saigner »,…)

Serait-ce censé pour vous de jouer dans un groupe de punk-rock en laissant de côté l’actualité et en se focalisant sur un côté humoristique ou niais ?

Plus pour nous je pense, car naturellement notre musique se nourrit de l’actualité, de notre quotidien, de notre réflexion. Alors sauf changement miraculeux de contexte (qui devra passer par une bonne grosse révolution et des têtes coupées, au passage…), on va continuer dans cette lignée sombre et engagée, pour dénoncer les dérives de cette « droite  décomplexée » qui n’est en fait que le synonyme de « bons gros fils de putes de fachos prêts à tout pour saigner la planète jusqu‘à l’os quoiqu’il en coûte, puisqu’ils  ne payent jamais l’addition : ils engrangent les dividendes… ». 

Mais « droite décomplexée » c’est plus court.

Par contre heureusement qu’il y a aussi une belle flopée de groupes punk ou pop-punk qui peuvent, l’espace de 1:45’ ,  foutre un p’tit coup de soleil avec une chanson super positive ou drôle, histoire de nous permettre de souffler un peu au milieu de l’avalanche de merde !

Il me semble que beaucoup de choses à été fait par vous-même pour cette sortie, où s’arrête le DIY dans cette histoire ?  Pouvez vous nous toucher quelques mots sur les autres acteurs importants qui interviennent pour faire vivre votre musique, même si elle est à moitié morte, si j’ai bien suivi…

Oui, on a la chance d’avoir une belle équipe d’amis autour de nous, qui mettent la main à la pâte et nous permettent de bosser essentiellement en DIY, et ce depuis le début du groupe !

 « Temps Mort » n’a pas fait exception à la règle puisqu’après avoir travaillé à fond l’album en résidence dans les Ardennes belges (en famille, avec Roxanne et Hadri, et la supervision de Mr Pierre), Lau a enregistré toutes les pistes dans son studio ( le Polski Studio), entre deux concerts et quelques fêtes, avec l’aide de Thom ( chanteur de Asile et ingé son live de Corbillard). Puis il a tout mixé et masterisé pendant que Flo s’est occupé de la mise en image des clips qui vont sortir petit à petit, et de réaliser les visuels pour le merch dérivé de l’album. C’est un autre ami, Vivian, qui gère le côté communication du groupe sur les différentes plates-formes, ainsi que les photos… Donc oui, on peut dire qu’on essaye au maximum de prendre en charge toutes les étapes de production du skeud, des t-shirts, jusqu‘au produit fini .

Pour chaque Chœur, figuration, dépannage de fortune, bricolage d’opérette,…  on peut toujours compter sur l’aide et la présence de la blinde de potes, toujours chauds pour faire avancer le truc, juste pour la cause !

C’est la même démarche pour le booking, avec l’aide de Pierre et AEM Project, puisq’on booke ensemble la majeure partie de nos dates ! Il booke d’ailleurs l’essentiel des dates punk (mais pas que) en Belgique francophone !

Donc clairement, on peut compter sur l’aide précieuse d’une belle bonne grosse famille qu’on aime d’amour 💛 !

Quelques anecdotes alléchantes sur votre nouvel album avant de nous quitter ? (évènements honteux lors de l’enregistrement, vengeance personnelle par le biais d’une phrase assassine… On accepte tout !

Et bien étonnamment l’enregistrement s’est passé super bien, sans  mauvaises surprises ! Par contre, on a essentiellement enregistré la nuit, parfois pendant 15-20 heures d’affilée, sans lâcher l’affaire tellement on était excités d’entendre le truc se mettre en place! La toute dernière phrase a été mise en boîte le dimanche soir précédent le lockdown, avec un timing parfait car 2 jours plus tard le confinement commençait. 

Tous les concerts et festivals ayant été de fait annulés, on a profité de ce temps mort pour le mixer… ironie…

On reprend la route en août, pour le USELESS Fest, à La Flèche. Une super affiche, concoctée par une orga de passionnés qui y ont toujours cru et qui ont tout donné pour que cette édition ait lieu malgré la crise du Corona ! Alors faut venir en nombre pour les soutenir et venir goûter à nouveau aux joies des concerts devant BURNING HEADS, GUERILLA POUBELLE, BIRDS IN ROWPOESIE ZERO,… On est super heureux et fiers d’y jouer !

— Propos recueillis par Arno

LIENS VERS CORBILLARD