Salvation // BOBBY SINGER

couverture bobby singer

Labels qui ont aidés à la réalisation de cet album : Fresh Outbreak Records // Crapoulet Records // APB Records // Wacky Cats // En soirée je danse pas

Tout était noir. Du moins, quand j’ai ouvert le colis il y a quelques semaines et que je suis tombé nez à nez avec cet LP, proposant un artwork très sombre, d’une simplicité agréable et à souligner.

«Demain » commence avec un palm mute, nous faisant croire à un projet pop/punk assez classique.
On remarque vite qu’on s’est trompé et qu’il ne faut pas juger trop hâtivement ce qui s’offre à nous.
Dès que la deuxième guitare débarque, Bobby Singer dévoile sa réelle facette en délivrant ici un son plutôt hardcore, punk, screamo et parfois noise.
« Mon cœur est sourd. Mon corps est lourd. », mon ressenti sur le visuel, lui, ne m’a apparemment pas trahi.
C’est bien dans la noirceur que le voyage se fera, reste à voir si les gares me proposeront un décor différent et étonnant.
 

La basse qui lance « Apologie de la médiocrité » sonne comme du punk rock américain, et puis je me demande déjà si cela ne serait pas intentionnel de la part de Bobby Singer : Tromper l’auditeur, nous perdre, pour au final nous plonger dans son propre monde, aussi vaste que celui dans lequel il semble perdu à l’écoute de la piste suivante, « Pour avancer » : « Mes vagabondages m’ont amenés dans cette immensité, ce néant. Trop de choix s’offrent à moi mais le manque de repère m’angoisse… ».
L’ambiance est pesante, installée dès l’intro, mais la conclusion est tout autre : « Mais plus la route est tortueuse, plus le voyage sera intense et l’arrivée plus merveilleuse. »
Il y a donc du chemin à parcourir pour accéder à une existence plus agréable et joyeuse.
Sur le disque les choses sont dites, comme une promesse tenue à soi-même, un rappel, pour ne pas sombrer à nouveau et pour essayer, par la suite, de garder la tête haute.

Ce projet solo, réalisé de manière complétement DIY, est une bonne surprise.
Mis à part les diverses influences plaisantes (Amanda Woodward, Nine Eleven surtout dans la voix…), « Salvation » nous réserve des parties instrumentales variées afin de nous illustrer, à chaque occasion et dans chaque minute, une âme et un corps qui brûlent.

Bobby singer se dévoile, se livre, et voilà peut être ici sa façon de voir finalement les lumières, aux bout de chaque tunnel traversé.
Un tel voyage est éprouvant, émouvant et bouleversant, et j’ai finalement été complètement transporté.
Les paroles sont souvent brutes, sans fioritures et marquent donc parfois les esprits assez facilement, notamment cette phrase terminant l’avant dernière piste « Les explosions et les feux de joie n’ont jamais si bien porté leurs noms. Ni peu, ni honte, ni limite, une indécence resplendissante. »

Bobby Singer, dans une rage exacerbée, exprime ici sa propre révolution personnelle, tout en prenant le soin d’appeler toutes les oreilles qui passent par là à en faire de même avant que sa voix ait terminé de résonner.

L’état d’esprit, les efforts engagés, et la démarche méritent qu’on s’arrête sur ce projet encore frais !

— Arno

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