PHANTOM BAY – ST

phantom bay cover

« Trembling World » arrive après une intro assez courte, mais cet enchainement, radicalement opposé  musicalement, peint assez rapidement l’ambiance dans laquelle nous allons être plongés durant l’écoute de ce premier album de Phantom Bay.


Ce trio (et oui ils ne sont que trois !) venant d’Allemagne propose un hardcore mélodique et émotif, puisant toutes ses forces dans des guitares expressives et une voix au bord de la rupture, donnant tout pour réussir la même mission que celle menée par les instruments à cordes. 

D’où viennent ses émotions si envahissantes ? Des barrières qui nous empêchent d’extérioriser ce qu’on ressent. Ces barrières s’avèrent en grande partie  constituées par le langage et ce qui est difficile d’exprimer par son biais.

Tout au long de ces 10 pistes, nous retrouverons donc des instruments assez bavards, empruntant de nombreuses directions, forcément menées par les personnes qui en sont propriétaires, mais c’est avec plaisir qu’on se demande si on est pas dans Toy Story.
« Put into art what you can’t express », phrase hurlée dans « Hard To Believe » après une intro me rappelant « New Halloween » de Touché Amoré formait probablement les mots d’ordres à suivre impérativement par la troupe lors de la composition de l’album.
Et oui, du coup, on a l’impression que les instruments parlent et empruntent parfois une direction qui n’est dictée que par eux-mêmes. 

Phantom Bay ne passe pas par quatre chemins et ne peut être plus explicite, avec le morceau « Fleeting Feeling », l’un des moments les plus intenses et rapides du disque (à ranger à côté de la très vitaminée « Quit Playing The Blues » : «What’s that fleeting feeling I can’t define? What’s the right expression to clarify? », avant d’ajouter  « Fuck what language does, and I still believe we’re not so different ». C’est évidemment le moment le mieux choisit pour s’envoler dans une partie emo/screamo qui fait frissonner. 

On a souvent l’impression, à l’écoute, de traverser plusieurs fois un même tunnel :
Les dernières parties ressemblantes de « Deep End » (morceau proposant dans les couplets un riff hardcore plus classique) et « Separate ways », (le morceau le plus punk rock) dans lequel on retrouve une même phrase « Keep the world at farthest distance » nous donne l’impression d’un groupe refermé sur lui-même, oppressé.
Mais parfois, une lumière apparait. L’interlude « Nachteinbruch », poème récité en allemand est une vraie bouffé d’air frais de par ses sonorités et cette dernière phrase : «Dans l’obscurité, la fleur apparaît bientôt ».
En effet, rien que d’évoquer l’idée ressort comme une sacrée lueur d’espoir.
On ressent que la lumière provient de la flamme fragile d’un briquet,  et qu’elle peut s’éteindre à tous moments. La moindre agitation et nous voilà replongés dans l’obscurité. 

On ressent une grande tension dans ce disque, mais aussi une passion qui déborde de tous les côtés.
Le groupe côtoie plusieurs styles, toujours avec une interprétation réussie et une énergie débordante. Voilà clairement un album créé avec les tripes qu’il faut absolument écouter !

— Arno

Hiwwat laisse la parole à nos lecteurs ! 

Découvrez les mots d’Adrien sur cet album :

« Phantom Bay évolue dans un genre où je n’ai malheureusement que peu de références, ça ne m’a néanmoins pas empêché de passer un bon moment et de traverser ce LP sans accroc. Les fans de Touché Amoré ou même Birds in Row trouveront leur bonheur dans ce hardcore teinté d’emo. Certains titres sont des invitations privilégiées à la bagarre (Deep end, Quit playing the blues), quand d’autres ont une portée davantage mélodique (Hard to believe, Another Model). Quelques pointes de pop-punk se font entendre à travers les mélodies guitare de ces morceaux. Le résultat final est très propre, n’a rien à envier aux cadors du genre, bien que, selon mes standards, le curseur « mélo » aurait pu être un peu plus poussé. »

— Adrien