CRAWLER // IDLES

couverture idles

Seulement un an s’est écoulé depuis « Ultra Mono ».
Aucune tournée dédiée à cet album n’ a pu être planifiée à cause de la pandémie.
Mais les IDLES ne sont pas découragés, préfèrent toujours aller de l’avant et donc reviennent avec du tout frais, l’album « Crawler ».

Les avis sont plus mitigés pour cet album que pour tous ses prédécesseurs.
C’est souvent la même chose, une partie des fidèles auditeurs arrivent généralement à accueillir les nouvelles sonorités comme quelque chose de rafraichissant, qui évitent la redondance et amènent un effet « surprise » stimulant. Les autres se sentent trahis, ne se reconnaissent plus dans un univers qui n’est plus le leur. IDLES prennent un tournant dans leur carrière avec « Crawler ».
Différentes directions sont prises au fil des morceaux. IDLES s’autorisent les virages, mais ces virages ne sont pas pris de manière soudaine et radicale, avec le volant qui vacille brusquement.

« MTT 420 RR » est une intro réussie, envoutante comme jamais.
Une tension interprétée d’une manière différente, qui nous fait rentrer dans le monde de « Crawler » avec une grande curiosité. Joe Talbot revient sur l’accident avec un motocycliste, presque mortel, dans lequel il a été impliqué.
La composition de ce morceau a débuté à Noël, et des émotions fortes se ressentent dans l’intégralité de cette première piste, notamment grâce à la voix touchante et maitrisée qui nous plonge assez vite dans les circonstances et le lieu qui a donné naissance à « MTT 420 RR » : « It was february I was cold, and I was high » avant de terminer par un avertissement, répété à de nombreuses reprises :
« ARE YOU READY FOR THE STORM ? »

Je vous parlais donc de virages, pris avec délicatesse, et de nouvelles sonorités.
IDLES propose également avec Crawler des morceaux qui correspondent plus à leur identité, du moins, celle qu’ils se sont façonnés jusque-là.
« The Wheel », aussi très introspective, et suite logique de cette première piste ( bah oui « La roue » après avoir parlé d’accident avec un motocycliste…) nous renvoie aux vibes trouvables dans « Ultra Mono ». Même si on ressent un manque d’originalité à la première écoute, c’est une sensation totalement différente qu’elle nous procure après avoir découvert l’album et son univers dans son intégralité.
« …When The Light Come On » et « Car Crash » s’enchainent, l’une influencée par le post-punk des années 70/80 avec un gros côté « indie » qui rappelle les premières démos du groupe, et l’autre qui a probablement été créée avec la ferme intention de proposer le son le plus violent possible.
Les IDLES Excellent dans les deux exercices, et nous sommes arrivés, pour moi, au point culminant de ce disque.

Si il peut paraître troublant de passer des paroles sombres qui viennent d’être martelées à celles dans « The New Sensation : « Okay, get on all floors, Then slap that d-d-d-dancefloor, Then scream « I’ll die for the cause », « Crawler » nous rappelle ici la pulsion de vie qui ne cesse de s’évacuer de tous ses pores, dictées cependant par la mort et tous les sujets que ses pensées amènent tout au long du projet. Après ce constat, nous sommes donc à peine étonnés de passer par la SOUL avec «  The Beachland Ballroom », et même encore une fois agréablement surpris par cette démonstration étonnante, avec la voix de Joe Talbot qui colle parfaitement à cette prise de risque réussie.

Ces virages incessants, tout en étant tout de même fidèle à leur projets précédents dans une bonne moitié des morceaux sert vraiment à faire de « Crawler » un très bon album : « Crawl ! » et « Meds » donnent la sensation de se sentir chez soi, avec tous les bénéfices de la zone de confort, et puis « Progress » revient à nouveau chambouler tout ça, dans une facette inexplorée jusque-là, comme si l’album avait pour but de nous faire vaciller entre le « dehors » et le « dedans » de nos propres existences.

A prendre autant de risques, à basculer dans les extrêmes de la vie qui s’offre à nous, une seule conclusion est à tirer avec cet album qui divise et qui paraît peu accrocheur à la première écoute mais dont on ne peut se séparer par la suite : «In spite of it all, Life is beautiful », l’une des phrases les plus  «percutantes» de l’album balancée dans la conclusion, « The End », qui termine en beauté avec une écriture incisive et émouvante.

« Crawler » est l’album d’IDLES le plus intéressant musicalement parlant. C’est plus riche et plus varié. Mais ce côté peut plaire tout au autant que faire partir les gens en courant ! Le ton est aussi très différent, et l’introspection beaucoup plus imposante. Le son est soigné plus que jamais, et les geeks vont être fascinés.

— Arno